samedi 21 juillet 2012

With a little help from my friends



...Tonight I'll dream while I'm in bed
When silly thoughts go through my head
Of the bugs and alphabet
And when I wake tomorrow I'll bet
That you and I will walk together again
I can tell that we are gonna' be friends
Yes I can tell that we are gonna' be friends...

Jack Johnson - We're going to be friends

J'ai un ami que j'ai rencontré il y a bientôt 26 ans. Il a été un peu de tout (à la belge en ce jour de fête Nat') pour moi. Un copain, un ami, un premier amour, un ennemi, un obscur objet et aujourd'hui un parrain pour ma fille. Parfois on partage tout, parfois on prend l'air, parfois on se dispute, parfois on ne se comprend pas et parfois personne ne nous comprend. On ne prend rien pour acquis même si on ne croit pas que certains liens peuvent avoir une fin. Et si j'ai parfois des regrets, je ne voudrais pour rien au monde changer cette drôle d'histoire. Tu es mon meilleur ami tu sais.

Les potes, les amis, les meilleurs amis, les connaissances, les relations, les proches. Autant de catégories qu'il faudrait parfois un tableau Excell pour s'y retrouver. Ou juste partir du principe qu'il y a ceux avec qui c'est cool et puis les autres. Cool comment au juste? Genre cool on va boire un verre et on bave sur les autres? Ou cool t'es là quand j'ai besoin de toi? L'ami c'est celui à qui on dit tout et qui est toujours dispo, ou pas? Parce que là c'est limite exigence en mode esclavagisme. Où que c'est la frontière entre la transparence totale et les limites conventionnées? Des amis pour faire certains "trucs" et pas d'autres?

Les amis ne sont pas toujours ceux à qui on s'attend, pas toujours dans la durée ou dans le temps. Ils vont et viennent, se renouvellent, se perdent et se retrouvent, parfois. Certains privilégient le nombre, d'autres la qualité. La distance ou la proximité. Ceux avec qui l'on se fâchent ne sont pas toujours ceux qui s'éloignent. Ceux qui s'éloignent restent parfois très proches dans le coeur. Certains n'étaient pas destinés à grandir avec nous, d'autres sont encore à découvrir. 
© Beverly Hills 90210 - Fox
L'amitié c'est parfois se taire même quand on a envie de hurler, faire le vide quand on a envie de juger. C'est le silence parce qu'on aime et qu'on respecte l'autre. C'est aussi dire certaines choses, briser des tabous comme personne ne peut le faire. Mettre les pieds dans le plat ou jeter le pavé dans la mare. C'est accepter qu'on puisse se tourner le dos et se réconcilier, plus tard. Les potes, les amis, les proches sont ceux avec qui il sera toujours possible de mettre des mots ou échanger un regard et aller de l'avant. C'est tout et son contraire. 
Les amis ce sont les clous de ton cercueil parce que tu les as choisi et que tu ne peux pas les juger comme ta famille. Si ce n'est toi ils ne seraient pas là. Tu ne peux pas leur en vouloir d'être là. C'est pas ton mère ou ta mère, ce que tu veux bien prendre d'eux ou accepter ne tient qu'à ton libre choix. 
Les amis sont effroyables parce qu'ils sont le pire des miroirs. Et s'ils ne sont pas toujours justes ils ont le mérite de renvoyer de toi ce que tu veux bien donner aux autres. On peut être déçue du résultat. Ou étonnée, surprise, heureusement surprise et heureuse. S'ils sont là c'est que t'en vaux la peine. Et s'ils ne sont pas parfaits, toi non plus. Ce n'est pas grave. 
Sur Facebook t'en as 547, dans la vraie vie c'est 4. Tant mieux parce que dans la vraie vie, tu n'as pas le temps de fêter tous les anniversaires, d'être de tous les restos et t'as pas la tune (ni la créativité) pour le cadeau qui tue trois fois par semaine. 
J'ai des amis que je connais depuis presque toujours et d'autres que j'ai découvert il y a peu de temps. J'adore mes potes, je suis plutôt nulle pour le dire et je mise tout sur le fait qu'ils le comprennent sans qu'on se le dise. C'est pas de la confiance ça? J'imagine qu'il en va de même pour eux et tant pis si ce n'est pas le cas. Je ne veux pas passer mes amitiés au scalpel, je veux laisser un peu de spontanéité et prendre ce petit risque parfois excitant de laisser les  sentiments faire leur chemin. Je merde parfois, je blesse, je parle trop ou pas assez. J'aimerais m'en foutre mais ce n'est pas vrai. J'essaie d'être suffisamment vraie pour que ceux qui m'ont choisie comme amie puissent avoir confiance dans mon entièreté. 
Perdre des amis n'est jamais un plaisir et laisse toujours des traces (des regrets, des rancoeurs, de la peine?). Il n'y a pas de hasard et c'est peut-être mieux? Il y a longtemps un ami m'a dit que rien ne durait. Je crois qu'il n'avait pas envie de se sentir prisonnier des liens qui nous unissait. Finalement même la distance qui nous sépare aujourd'hui est un lien. Je ne sais pas si nous pourrions nous retrouver après toutes ces années, on ne se connaît plus (ou peut-être que oui?) mais je ne peux m'empêcher de penser avec douceur à lui. Et puis je pense à autre chose parce qu'il n'y a aucune raison de traîner de vieilles casseroles...

J'ai des amis qui habitent loin, qui habitent tout près, qui sont smart, qui sont lifestyle, qui sont bohèmes, qui sont intellectuels, qui sont superficiels, qui sont engagés, qui sont paumés, qui sont beaux, qui sont moches, qui sont chiants, qui sont drôles, qui sont émouvants, qui sont parents, qui seront parents, qui sont vieux, qui sont jeunes, qui m'énervent, qui me laissent perplexes, qui ont bon goût, qui ont mauvais goût, qui m'épuisent, qui me remontent le moral, qui me font rire et qui sont là.


Mes amitiés ne ressemblent à aucune sitcom. Ca me va comme ça.


vendredi 20 juillet 2012

Ar Ker' Breizh


Pour mon amour qui m'a appris à aimer les endroits perdus...




















Le cul planté dans mon canapé à la mode de Peumérit, je regarde la ligne bleue des Vosges de Bretagne, ses petits toits authentiques, ses pommiers, sa lumière de fin de journée et je me dis que la vie c'est pas mal quand même. Mon elfe est profondément endormie, mon amour fait le tour de la propriété (avec chevaux s'il vous plaît) et ma progéniture en devenir sautille "tranquillement" dans mon ventre. Manque plus que la petite bière fraîche de l'apéro et ce serait divin. On pourrait croire que des vacances avec enfant malade (plus de 39° de fièvre, pas de petits joueurs ici!) seraient gâchées. Mais non. Ce que mon environnement émotionnel m'aura appris au long de ces dernières semaines - mais peut-être est-ce ces derniers mois ou ces dernières années - c'est qu'il faut savoir reconnaître de la quiétude où il y a en a. Quelque chose du genre "... accorde moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse de voir la différence...". Qu'importe la pluie ou la fièvre, qu'importe que l'on aille deux ou dix fois à la plage, qu'importe le wifi qui lâche et l'angoisse de toute cette nature (belle et sauvage) environnante, qu'importe que cette heure entre chien et loup amène des pans entiers de nostalgie. Mon insatisfaction est impuissante à y faire quoi que ce soit, tout juste gâcher ce qu'il reste de bon, pour moi et pour les autres. Contre mauvaise fortune bon coeur? Peut-être que ces hasards me forcent à reconsidérer ce que j'appelle le plaisir. Une vie est aussi faite de moments perdus et d'endroits perdus. Alors je soigne ma fille, je sors prendre l'air quand je peux, je bois du thé, je marche en faisant grincer les planchers anciens de cette antique maison bretonne, je regarde la pluie tomber et le soleil sécher les pommiers. Les chevaux viennent chercher les caresses lorsqu'on passe la porte, mon amour rêve de four à pain traditionnel et sympathise avec les locaux qui racontent à loisir les histoires de ces vieilles pierres. On mange des crustacés frais (du jour), on respire les algues et on collectionne coquillages et cailloux. Demain on mangera une part de Far au jardin (aux pruneaux pour que ce soit plus excitant bien sûr). Soudainement tout ce temps au ralenti, loin de l'agitation et des remous, loin des autres, loin des besoins qui ne sont pas les nôtres. Comme une bulle, ma famille. L'occasion de découvrir que l'elfe parle une forme de breton, qu'elle aime le camembert si c'est sur la tartine de son père et que nous sommes heureux. Ah oui, elle aime Scooby Doo aussi, parce que les monstres ne sont jamais que des déguisements qu'il suffit d'enlever pour ne plus avoir peur. 

C'était de belles vacances.