mercredi 15 juin 2016

Ce matin

Comme toujours j'ai pensé au wagon. Le 3ème ou le 4ème? C'était le 3ème. Mais comme il y avait un musicien et que je n'avais pas envie de me priver de ma propre bande son, je suis montée dans le 4ème. 

Je suis montée dans mon wagon de manière royale. Je ne sais pas pourquoi mais c'est le mot qui convient le mieux à mon sentiment. Audacieuse, enthousiaste, sûre de moi. Puis je me suis regardée dans la vitre et je me suis dit que j'étais simplement moi. Je ne sais pas si c'était bien ou pas.

J'ai vu un jeune homme très mignon. Moins mignon que celui de la veille mais tout de même. Je me suis demandé si j'avais un style d'homme dans le métro. Le genre qui ne me plaît que dans les wagons de métro. Ils se ressemblaient assez ces deux là. Je me suis dit que je n'avais jamais vraiment eu de relations avec des hommes comme ça. Pas vraiment est-ce que c'est un peu?

Il y avait cette femme à côté de moi qui ne sentait vraiment pas bon de la bouche. Je me suis demandé si elle avait fumé avant de prendre le métro ou bu un café. Ou si elle ne s'était pas brossé les dents. Peut-être simplement qu'elle n'a pas bonne haleine. J'ai eu très envie qu'elle cesse de bailler. Quand même.

Ce matin dans mon métro il y a eu pas mal de pensées décousues. C'est souvent le cas.

J'ai pensé à toutes ces souffrances que je croise dans mon boulot. Et je me suis dit qu'elles percolent à travers moi. Je me suis demandé quelle part d'elles reste en moi. Un peu trop sans doute mais pas celle qu'on croit. J'ai pensé à mes dernières larmes versées et à toutes ces blessures secrètes qui sont ravivées par des mots innocents. Et toute cette peine encore une fois. Le désarroi de ceux qui la causent et de ceux qui la ressentent.

J'ai fait des ébauches de discours. Pour bientôt. Pour toi mon amour. Et aussi tous ces mots qui n'attendent que d'être déposés sur le clavier. Alors j'ai pensé au temps qui file. Comme ma rame de métro qui arrive à bon port. J'ai pensé à ces rames de métro et ces gens qui n’arriveront plus jamais. Je me suis demandé si quelqu'un avait nettoyé les larmes des visages de Maelbeek ou si je les avait rêvées ? 

J'ai regardé la foule pressée des matins à Arts-Loi, à la recherche des êtres qui me manquent. Comme si dans cet anonymat il était encore possible de les entrevoir. 

J'ai pris mon Latte, je suis rentrée dans cette foule à mon tour et j'ai commencé à travailler. 


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La bande son du matin: Free Bird de Lynyrd Skynyrd, David de Noah Gundersen et La Plume de Louise Attaque. Un peu en boucle. 


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